Lit mineur, lit majeur et crue

Lit mineur, lit majeur et crue

Au quotidien, la rivière coule dans son lit mineur*, arrachant des sédiments par-ci et les reposant par-la, elle serpente tranquillement au fond de sa vallée… Lors d’épisodes de précipitations intenses, l’eau monte et la rivière déborde et s’étale dans son lit majeur*, c’est-à-dire tout l’espace qu’elle est susceptible d’occuper (en urbanisme, on parle de zone inondable).

Dans ce lit majeur se trouvent les annexes hydrauliques* du cours d’eau. Ces annexes peuvent être les mares, les zones humides, les anciens bras de la rivières (bras morts)… qui sont de vrais habitats riches et diversifiés. Ils ont besoin de ces débordements pour être totalement fonctionnels et se gorger d’eau en hiver. Ce sont souvent des zones très riches en biodiversité qui permettent à de nombreuses espèces de poissons, insectes, amphibiens… de se reproduire, de grandir, se nourrir, etc

source : www.eaufrance.fr

Les épisodes de débordements sont très importants pour la bonne santé de nos cours d’eau. C’est un moyen d’éliminer embâcles, nutriments et sédiments en aval ou de les déposer sur les parcelles riveraines. Les annexes vont retrouver tout leur potentiel, les frayères (à brochets, espèce pour laquelle les crues sont indispensables à la reproduction) vont se remplir d’eau et les parcelles riveraines gagner en fertilité. En s’écoulant lentement et en s’infiltrant, les crues permettent aussi de recharger les nappes alluviales.

Un cours d’eau dont le fonctionnement est en équilibre doit monter en crue tous les deux ans. Cependant, l’homme a tout fait pour s’affranchir de cette contrainte, notamment car il a bâti et aménagé les zones inondables. Les curages, recalibrages et canalisations des cours d’eau ont complétement modifié la morphologie de nos cours d’eau, sont en partie responsables de la dégradation de l’état de nos rivières et ruisseaux.

Les débits* nous donnent des indications sur les phénomènes en cours (étiage, crue, etc) et peuvent être suivis sur le site Vigicrue ou sur la banque hydro d’Eaufrance.

Quelques exemples sur notre territoire :

  • Pour la Creuse : le module* est d’environ 30 m3/s, le QMNA5* de 1,5 m3/s et le Q50* de 1000m3/s.
  • Pour l’Anglin aval (Mérigny) : le module* avoisine les 12 m3/s, le QMNA5* est de 1,3 m/s. Le débit instantané maximal connu, en mars 2006, était de 600 m3/s.
  • Pour la Claise (au Grand Pressigny) : le module* est de 4,3 m3/s, le QMNA5* est de 0,33 m3/s. Le débit instantané maximal connu, en mai 2016, était de 116 m3/s.
Nous vous expliquons ici que le SMABCAC s’est associé à l’EPTB Vienne et 6 autres collectivités du bassin de la Creuse pour réaliser une étude sur la prévention des inondations.
 
Glossaire-eau : 
 

* Annexe hydraulique : Ensemble de zones humides alluviales en relation permanente ou temporaire avec le milieu courant par des connections soit superficielles soit souterraines : îles, bancs alluviaux, bras morts, prairies inondables, forêts alluviales, ripisylves, sources et rivières phréatiques. Ces espaces constituent d’importantes zones de transition entre le milieu terrestre et le milieu aquatique. Ils offrent une grande variété d’habitats, dans lesquels les communautés animales et végétales (insectes, poissons, amphibiens, oiseaux, mammifères) se répartissent en fonction du niveau de submersion des terrains. Les annexes hydrauliques ont un rôle déterminant dans le cycle de vie des espèces et notamment dans la reproduction des poissons. Selon leur nature et les espèces concernées, ce sont des zones de reproduction, de repos migratoire ou encore des aires de nourrissage. Les batraciens et les reptiles y sont aussi bien représentés que les oiseaux.

* Débit : Volume d’eau qui traverse un point donné d’un cours d’eau dans un laps de temps déterminé.

* Débit minimum biologique : Le débit minimum biologique est le débit minimum à laisser dans une rivière pour garantir la vie, la circulation et la reproduction des espèces y vivant (macrophytes, poissons, macro invertébrés, …).

* Lit d’étiage : Partie du lit qui reste toujours en eaux (dans les périodes les plus sèches). Il correspond au débit d’étiage. On parle aussi de « lit d’été ».

* Lit majeur : Lit maximum qu’occupe un cours d’eau dans lequel l’écoulement ne s’effectue que temporairement lors du débordement des eaux hors du lit mineur en période de très hautes eaux (en particulier lors de la plus grande crue historique). Ses limites externes sont déterminées par la plus grande crue historique. Le lit majeur du cours d’eau permet le stockage des eaux de crues débordantes. Il constitue également une mosaïque d’habitats pour de nombreuses espèces. Cet ensemble d’habitats est aussi appelé « annexe hydraulique ».

* Lit mineur : Partie du lit comprise entre des berges franches ou bien marquées dans laquelle l’intégralité de l’écoulement s’effectue la quasi-totalité du temps en dehors des périodes de très hautes eaux et de crues débordantes. Le lit mineur englobe le lit d’étiage. Sa limite est le lit de plein bord. Le lit mineur accueille une faune et une flore variée (poissons, invertébrés, écrevisses, moules, diatomées, macrophytes…) dont l’état des populations dépend étroitement de l’hétérogénéité du lit et des connexions avec le lit majeur et les annexes hydrauliques.

* Lit de plein bord : Limite au-delà de laquelle l’eau se répand dans la plaine d’inondation.

* Module : Le module est évalué par la moyenne des débits moyens annuels sur une période d’observations suffisamment longue pour être représentative des débits mesurés ou reconstitués.

* QMNA5 : exprimé en m3/s, c’est le débit mensuel minimal ayant la probabilité 1/5 de ne pas être dépassée une année donnée, c’est donc la valeur du QMNA telle qu’elle ne se produit, en moyenne, qu’une année sur cinq ou vingt années par siècle. C’est un débit statistique qui donne une information sur la sévérité de l’étiage.

* Q50 = débit cinquantennal : débit qui a – chaque année – une probabilité 1/50 d’être dépassée. Une telle valeur est donc dépassée, en moyenne, 2 années par siècle.