La Creuse

La Creuse prend sa source sur le plateau des Millevaches à 816 m d’altitude dans le département auquel elle a donné son nom, la Creuse. Long d’un parcours de 236 km, elle traverse ensuite les départements de l’Indre et de l’Indre-et-Loire avant de se jeter dans la Vienne au lieu-dit du Bec des deux eaux (département de la Vienne). Le bassin de la Creuse sur le territoire du SMABCAC représente 817 km² et se situe dans la zone de transition entre le socle cristallin du massif central (au sud) et les terrains sédimentaires du bassin parisien (au nord).

Ce contexte géologique offre des paysages variés et la vallée de la Creuse s’étend sur trois régions naturelles Indriennes : le Boischaut Sud à l’amont, la Brenne sur la partie médiane et le Boischaut Nord pour les quelques communes les plus à l’aval. Sur tout ce parcours, la Creuse accueille de beaux affluents dont les principaux sont, en rive gauche, la Clavière, la Fortune et le Brion ; en rive droite, le Bouzantin, la Gargilesse, la Mage, la Bouzanne, le Bouzanteuil et les Chézeaux. Certains d’entre eux ont notamment un fort potentiel pour la sauvegarde des populations salmonicoles (truite fario) dans la vallée.

Un peu d’histoire…

La Creuse, à l’amont d’Argenton, lorsqu’elle serpente vigoureusement dans la vallée profonde et encaissée, formant son lit dans le socle cristallin, a longtemps été l’objet de forts engouements et a reçu, le long de ses rives, les plus renommés des artistes du XIX siècle (peintres notamment tels MONNET et GUILLAUMIN).

« Le centre de la France est la région la moins connue; en évitant les mornes plaines, en prenant le chemin de fer jusqu’à Argenton, et en descendant le cours de la Creuse pendant deux lieues, on arrivera dans cette partie du bas-Berry où il faut nécessairement aller à pied ou à âne, mais dont le charme vous dédommage amplement des petites fatigues de la promenade. C’est une gentille et mignonne Suisse qui se creuse tout à coup sous vos pieds, quand vous avez descendu deux ou trois amphithéâtres de collines douces et d’un large contour. Vous vous trouvez alors en face d’une déchirure profonde, revêtue de roches micaschisteuses d’une forme et d’une couleur charmantes; au fond de cette gorge coule un torrent furieux en hiver, un miroir tranquille en été: c’est la Creuse, où se déverse un torrent plus petit, mais pas beaucoup plus sage à la saison des pluies, et non moins délicieux quand viennent les beaux jours. Cet affluent, c’est la Gargilesse, un bijou de torrent jeté dans des roches et dans des ravines où il faut nécessairement aller chercher ses grâces et ses beautés avec un peu de peine. » – Georges SAND, MANUSCRIT autographe, Les bords de la Creuse, 1858.

À cette époque, la Creuse accueillait d’importantes populations de poissons migrateurs qui venaient s’y reproduire ou y grandir : saumon atlantique, truite de mer, lamproie marine, lamproie fluviatile, alose et anguille.

Durant ce siècle, la construction des écluses et barrages hydroélectriques se succèdent (la Guerche, Descartes, Gatineau) et les populations de grands migrateurs s’effondrent. Le début du XX siècle est marquée par la mise en place des barrages de Chantegrelle, Roche-Bat-l’Aigue, Combes, Maisons Rouges et Éguzon qui entraînent la disparition totale de ces espèces dans la vallée.

« En 1923, on construisait un nouveau barrage, celui de Maisons-Rouges, au confluent de la Creuse et de la Vienne. […] Ensuite ce fut la fin. Le saumon avait disparu de la Vienne, de la Creuse et de la Gartempe, ces rivières magnifiques qui valaient les meilleures rivières à saumon d’Ecosse et d’Irlande. » – LEGRAND Maurice, Au fil de l’eau

En 1994, le Plan Loire Grandeur Nature voit le jour et il permet, notamment, le démantèlement du barrage hydroélectrique de Maisons Rouges en 1999. À partir de 2005 s’en suit l’amélioration de la continuité écologique sur le Barrage de Descartes (devenu le premier ouvrage bloquant sur l’axe Creuse) avec la mise en place de dispositifs permettant le franchissement partiel de l’ouvrage par les populations piscicoles.

Disparues depuis près de 100 ans, les espèces migratrices recolonisent une partie de l’axe Creuse (jusqu’au pied de la Roche-Bat-l’Aigue, totalement infranchissable) et retrouvent quelques-unes de leurs frayères historiques.

En 2012, le Creuse est classée en axe prioritaire pour les poissons grands migrateurs. Elle est ainsi inscrite cours d’eau liste 1 (aucune autorisation ou concession ne peut être accordée pour la construction de nouveaux ouvrages s’ils constituent un obstacle à la continuité écologique) et  liste 2 (les travaux de restauration de la continuité biologique et sédimentaire doivent être réalisés sur les ouvrages y faisant obstacle dans les 5 ans suivant l’adoption de leur classement). Le renouvellement des autorisations hydroélectriques est également conditionné à la protection des poissons migrateurs.

Nombreux sont les affluents de la Creuse qui accueillent une biodiversité riche et variée. Autrefois, la truite sauvage, dite fario, peuplait abondamment de nombreux cours d’eau tels que la Gargilesse, le Brion, le Bouzanteuil ou encore les Chézeaux. Eux aussi ont connu de lourds travaux anthropiques : fragmentation, curage, recalibrage, entretien et gestion de la ressource inadaptée… qui les ont fragilisés. Des efforts devront donc être faits pour garantir la pérennité des populations autochtones encore présentes dans notre vallée.

Le SMABCAC, chargé de mettre en place les premiers programmes d’actions sur ce bassin versant, s’appuiera sur le potentiel important de ces cours d’eau pour tenter de reconquérir la richesse biologique qu’ils peuvent accueillir.

Le Brion
Le Brion
La Mage
La Mage
La Noraie
La Noraie
Le Ris
Le Ris