L’Anglin

Née en Creuse sur un socle granitique, l’Anglin roule ses galets dans l’Indre avant de rejoindre son aînée la Gartempe dans la Vienne. Son tracé est ponctué d’une infinité d’obstacles, de ruines et de constructions magistrales, vestiges tantôt d’un territoire industriel à l’ambiance sonore et technique au bout de l’axe des roues hydrauliques, tantôt d’une emprise seigneuriale stratégique et économique contrôlant la rivière. Les premières traces d’humanité aux abords de la rivière sont abritées par la grotte du Roc aux Sorciers, commune d’Angles sur Anglin, ou l’on peut admirer une frise sculptée longue de 20 mètres et datant de 15 000 ans.

Le bassin versant de l’Anglin est situé à cheval sur la région Centre Val de Loire et Nouvelle Aquitaine, dans les départements de la Creuse, la Haute-Vienne, l’Indre et la Vienne, il représente une superficie de 1690 km². En amont, dans la région naturelle du Boischaut-Sud correspondant aux premiers contreforts du massif central, l’Anglin parcourt des socles granitiques pour rejoindre la plaine sédimentaire sur la commune de Dunet à environ 130 mètres d’altitude. Sa pente moyenne est douce (0,3%), mais on observe, en fonction de la géologie locale, une alternance de secteurs caractérisés par des fortes pentes et un écoulement plus torrentiel sur un substrat riche en blocs et propice au développement d’un peuplement de type salmonicole, comme au niveau de la commune de Chaillac, ou des pentes plus faibles comme c’est le cas au niveau de la commune de Bélâbre. Les variations longitudinales mais aussi latérales exercées par les versants, resserrements et élargissements de la vallée, influencent la dynamique fluviale de l’Anglin générant ainsi une mosaïque d’habitats d’une grande richesse. Une partie du réseau hydrographique fait par ailleurs l’objet d’un classement en périmètre Natura 2000.

L’activité d’élevage marque le territoire et la qualité des paysages de la vallée lui est redevable : alternance de prairies de fauches, céréales, pâturages et pâturages de fond qui fournissent l’alimentation et la paille pour le bétail, haies et boisements qui coupent le vent, donnent de l’ombre et la fraîcheur estivale, fournissent bois et piquets nécessaires à clôturer les champs…

Dans l’Anglin il y avait des quantités d’anguilles, de lamproies marines, de truites… et ces poissons ont quasiment tous disparus car la qualité de la rivière s’est considérablement dégradée. Aujourd’hui la rivière semble bercée dans son lit par une priorité écologique, impérieux changement dans lequel l’homme doit au cours d’eau un devoir de mémoire, d’identité.